Derrière le terme de bande dessinée numérique on a retrouvé au fil des années beaucoup de concepts différents
Au tout départ, la bande dessinée numérique est en fait une bande
dessinée numérisée : il n’y a aucune différence entre la version papier
et la version en ligne. Et le format du fichier (PDF) était celui qu’on
pouvait échanger, de manière illégale, le plus facilement sur internet.
Pour éviter cette fuite, le distributeur numérique AveComics
est l’un des premiers en France à penser à une offre adaptée aux
consoles de jeux portables.
Nous sommes en 2006. Trois ans plus tard,
le distributeur profite de l’explosion des téléphones portables tactiles
et des tablettes pour développer une application spécifique : les
clients peuvent acheter à l’unité un exemplaire d’une bande dessinée,
deux à trois fois moins chère en moyenne que la version papier. L’autre
avantage est le verrouillage : l’utilisateur possède et accède quand il
le veut à sa BD, mais il ne dispose pas physiquement du fichier.
AvecComics a également développé avec son offre un système de lecture facilitée pour les tablettes sur les écrans : chaque case est mise en avant l’une après l’autre.
En 2009, le distributeur français décide de démarcher les éditeurs pour composer une librairie à proposer aux clients. Au départ, l’accueil était mitigé comme l’explique Allison Réber, chargée de communication chez AveComic.
Dans le même temps, les auteurs de bandes dessinées ont investi
internet en proposant gratuitement sur leurs blogs des dessins. Certains
rencontrent un gros succès comme le blog de Boulet.
Reste à savoir comment gagner de l’argent en proposant un contenu sur
le web. Les internautes seront-ils prêts à payer pour de la BD en ligne
?
En 2009, l’auteur Thomas Cadène relève le pari. Il prend en
exemple les sites d’information en ligne Mediapart, et Arrêt sur Images : une offre payante, sur Internet pour accéder à des articles d’actualité de qualité.
Le projet de Thomas Cadène est ambitieux : Il se met à écrire seul, puis à plusieurs mains, le scénario d’une histoire : "Les Autres Gens".
L'idée est de produire un épisode par jour, en contrepartie d'un
abonnement, au mois, au semestre ou à l'année. Le contenu étant
accessible exclusivement, au départ, sur un site internet dédié, sous la
forme de BD numérique.
Et pour réaliser les dessins, une centaine d'auteurs vont se
succéder. C'est l'autre originalité du projet. On retrouve les même
personnages, la même histoire, mais avec un coup de crayon un peu
différent à chaque épisode.
L'aventure a duré deux ans et demi. 500 épisodes ont été
réalisés, pour la plus grande satisfaction de Thomas Cadène, qui dit
avoir prouvé qu'on peut proposer une offre payante, même sur interne.
Le turbo media
Dans la foulée, la technique a permis d'élargir les possibilités de création.
La BD numérique offre une expérience qui s'éloigne de plus en plus du papier.
A la page succède une "fenêtre", potentiellement sans fin. Les cases, au départ figées, se mettent à bouger.
Là encore, c'est un Français qui a ouvert les portes de la BD numérique. Yves Bigerel, alias "Balak" a posté en 2009 sur son blog une démonstration de ce qu'il était possible de faire, avec un minimum de technique. Son module s'appelait "Réflexion sur la BD numérique".
Alexandre "Malec" Ulmann ©
Quelques auteurs ont suivi le mouvement, et ont exploré le "turbo media".
SI vous n'êtes pas allés voir sur le site de Balak, voilà ci-dessous un autre exemple proposé par le Lavallois Alexandre "Malec" Ulmann, où il met en scène son propre avatar.
A Lire : Abdelhak El Idrissi